Aider Ceux Qui Nous Protègent Contre La COVID-19 : Les Techniciens De Surface, Chauffeurs Ambulanciers Et Agents De Morgue Formés Pour La Pci Au Mali

December 21, 2020

En première ligne dans la lutte contre la pandémie de la COVID-19, l’ensemble des professionnels de santé doivent prendre des mesures drastiques pour se protéger et protéger la population contre les risques d’infections. Pourtant, ces derniers ne sont pas seuls à devoir assurer cette protection et, comme l’a montré dans le passé l’épidémie de virus à Ebola, les techniciens de surface, les chauffeurs ambulanciers et les agents de morgue ont également un grand rôle à jouer. Malheureusement, l’ensemble de ces agents sont bien souvent oubliés en matière de renforcement de compétences en raison d’un manque de formation pour effectuer leur travail efficacement.

Au Mali, une évaluation de la prévention et du contrôle des infections (PCI) effectuée dans 12 établissements de soins en août 2020 a révélé une insuffisance de formation de l’ensemble de ces agents sur la PCI. Par exemple, M. Bakary Niaré, technicien de surface au centre hospitalier universitaire (CHU) Point G (Bamako) indique ainsi « Nous sommes effectivement d’accord que le nettoyage ne se faisait pas correctement, les toilettes étaient sales, les déchets n’étaient pas bien triés. » Un constat que partage M. Fousseyni Diawara, chauffeur ambulancier au Centre de Santé de Référence de Koutiala, ville située à 390 km à l’est de Bamako : « Pendant les évacuations, les agents de santé jettent souvent par terre les compresses et sparadraps souillés. […] En plus, nous tous amenions nos tenues de travail à la maison pour le lavage (ce qui peut conduire à infecter les autres membres du ménage). » Cette méconnaissance des mesures de PCI par ce personnel entraîne des risques élevés de propagation des infections et de la résistance aux antimicrobiens (RAM) pour le personnel, les patients et la communauté.

Afin de trouver une solution à ce problème, le Programme des médicaments, technologies, et des services pharmaceutiques (MTaPS) de l’USAID a offert un appui technique à la Direction Générale de la Santé et de l’Hygiène Publique (DGSHP), l’Agence Nationale d’Evaluation des Hôpitaux (ANEH), l’Institut National de Santé Publique (INSP) ainsi qu’aux hôpitaux Point G, Mère-Enfant Luxembourg, de dermatologique de Bamako et à l’hôpital du Mali afin d’adapter des modules de formation PCI pour ces publics cibles et de les former. Cette activité a été réalisée en partenariat avec l’OMS, World Vision, Terres des Hommes, le Comité International de la Croix Rouge, Intra Health et HRH2030 dans le cadre de la stratégie de réponse mise en œuvre par MTaPS contre la COVID-19 dans le pays. Elle a pris la forme de 12 séances étalées sur 3 jours de formation chacune, ciblant 170 personnes. Ces formations furent suivies par une séance de supervision dans les mêmes établissements pour voir comment les modules ainsi que les conseils donnés sont suivis.

La supervision post formation a permis de noter un fort engagement des parties prenantes. Messieurs Niaré et Diawara partagent le même sentiment, louant le travail des parties prenantes, indiquant qu’ils ont déjà mis en place les indications données lors des formations. Dans le CHU Point G, l’équipe s’est ainsi engagée à réparer les toilettes au niveau des urgences, nettoyer régulièrement les unités et sanitaires tout en améliorant la gestion des déchets avec des sacs poubelles appropriés. Ces derniers espèrent également que ces sessions soient multipliées, pour donner la chance à d’autres agents d’avoir cette formation.

Pour M. Sory Ibrahim Bouaré, Point Focal PCI pour l’OMS à Bamako, « il s’agit d’une des formations les plus importantes pour plusieurs raisons. La cible est une couche oubliée par rapport au renforcement de capacités de façon globale, alors que c’est cette couche qui est au premier niveau de la prévention de l’infection, c’est-à-dire le nettoyage des surfaces, de la logistique, du transport et des morgues. Il y a des agents qui ont 20 ans de services qui n’ont jamais été formés, cela est une lacune au niveau du système qui doit être revue.  Avec la pandémie de la COVID-19, des outils et modules ont été déjà développés (pour les professionnels de la santé), mon message est un plaidoyer pour que cette couche soit formée dans tous les établissements de soins. »

 

Gestion des déchets avant (gauche) et après (droite) la formation. Crédit photo : Dr. Madina Kouyaté, consultant PCI/COVID-19

Gestion des déchets avant (gauche) et après (droite) la formation. Crédit photo : Dr. Madina Kouyaté, consultant PCI/COVID-19

Countries: Mali
Type: Stories