Permettre une utilisation rationnelle des antimicrobiens dans le secteur de l’élevage au Burkina Faso

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Le secteur de l’élevage au Burkina Faso est dynamique et contribue à plus de 18% du produit intérieur brut, offrant des opportunités d’emplois à de nombreux acteurs en milieu urbain et rural.

Comme le secteur humain, le secteur animal souffre de problèmes liés à la Résistance aux Antimicrobiens (RAM). Souvent, la prescription, la détention et l’approvisionnement des antimicrobiens se concentrent dans les mains d’un seul individu qui les distribue aux éleveurs n’ayant pas de connaissances fondamentales sur ces antimicrobiens ou leur utilisation. De plus, l’utilisation des antimicrobiens comme facteurs de croissance est un défi pour le pays.

Les éleveurs au Burkina Faso, à l’instar de nombreux autres pays sahéliens, pratiquent un système d’élevage extensif et transhumant. Pour ces raisons, les animaux se retrouve éloignés de centres pouvant offrir des soins de santé, ce qui conduit souvent à l’automédication par les éleveurs, utilisant par exemple des tétracyclines, un antibiotique utilisé pour le traitement des infections respiratoires des animaux, sans qu’une vérification de la qualité et la fréquence de l’utilisation de ces antimicrobiens n’ait été effectuée. Cette pratique représente un véritable danger pour la lutte contre la RAM.

Afin de contrer cette menace, le programme des Médicaments, Technologies, et Services Pharmaceutiques (MTaPS) de l’USAID soutient le Burkina Faso pour promouvoir une utilisation rationnelle des antimicrobiens dans le domaine de l’élevage.

Parties prenantes nationales lors de la finalisation des lignes directrices pour l’utilisation rationnelle des antimicrobiens dans le domaine de l’élevage. De gauche à droite : Dr Joseph Savadogo, Directeur Général des Services Vétérinaires, Dr Adama Maiga, Conseiller Technique du Ministère des Ressources Animales et Halieutiques et Dr Henri Kaboré, Directeur du Programme MTaPS au Burkina Faso (Crédit photo : MTaPS)

Un soutien pour la validation des lignes directrices nationales

Bien que le pays dispose d’une législation sur la santé animale, il n’a pas un cadre permettant de réglementer l’utilisation rationnelle des antimicrobiens.
Offrant son soutien au Ministère des Ressources Animales et Halieutiques, MTaPS a ainsi travaillé pour développer les lignes directrices de l’utilisation rationnelle des antimicrobiens dans l’élevage qui seraient utiles pour toutes les parties prenantes travaillant au sein de la plateforme Une Seule Santé, comprenant les professionnels de santé, de l’agriculture, de l’élevage, de l’environnement et de la recherche. Les lignes directrices répondent à plusieurs objectifs, à savoir :

• Regrouper les dispositions législatives et réglementaires relatives aux antimicrobiens, que ce soit au niveau national ou régional au sein de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine.
• S’assurer du respect des principes généraux de l’utilisation rationnelle des antimicrobiens tels que l’autorisation de mise sur le marché, l’obligation d’un diagnostic devant être effectué par un professionnel, la catégorisation des médicaments et le respect des règles prescrites.
• Définir les rôles et responsabilités de tous les acteurs impliqués dans la mise en œuvre de l’utilisation rationnelle des antibiotiques.

Le 9 décembre 2020, les acteurs impliqués dans l’écriture des lignes directrices nationales sur l’utilisation rationnelle des antimicrobiens se sont réunis pour valider le document, une première dans le secteur de l’élevage, et également une vraie fierté pour le pays. L’ensemble des parties prenantes, que ce soit le Dr Boubacar N’Paton Sié, Vétérinaire à la Direction Générale des Services Vétérinaires (DGSV) ou le Dr. Sayouba Ouédraogo, Secrétaire Général du Collectif des Vétérinaires Privés (COVEP) du Burkina Faso, se sont félicités de l’introduction de ces lignes directrices. Tous deux ont salué les efforts de MTaPS pour avoir accompagné le pays dans l’élaboration, la promotion et la vulgarisation des lignes directrices.

Plénière lors de la finalisation des outils de formation de l’utilisation rationnelle des antimicrobiens. Crédit photo : Dr Henri Kaboré

Un soutien dans la formation des acteurs

Bien que les lignes directrices soient finalisées et validées, il était également nécessaire pour le Ministère et MTaPS de permettre aux différentes parties prenantes de bien s’approprier son contenu.

Pour ce faire, des outils de formation ont été développés pour présenter les lignes directrices de l’utilisation rationnelle des antimicrobiens. Ainsi, les 17 et 18 mai 2021, un atelier de finalisation de ces outils de formation, regroupant 12 personnes, a été organisé à Ziniaré (Région du Plateau-Central). Les participants comprenaient des membres de la DGSV, de l’Ordre National des Vétérinaires (ONV) du Burkina Faso et du Collectif des Vétérinaires Privés. Grâce à cet atelier, quatre documents comprenant un manuel et six modules de formation ainsi que deux guides pour les facilitateurs et les participants ont été développés.

À la suite du développement de ces documents, trois formations de formateurs se sont déroulées entre les mois de juin et d’août afin de renforcer les capacités des vétérinaires et des techniciens d’élevage. Les quatre documents furent distribués lors des formations se déroulant sur trois jours. 42 techniciens d’élevage, venant des 45 provinces à l’exception de trois, et 15 vétérinaires venant des 13 régions, et provenant à la fois du secteur public et privé ont participé aux formations. L’objectif de ces sessions de formation était que chaque province et région bénéficient de ces nouveaux outils et que les résultats de ces activités soient durables afin que la connaissance des lignes directrices sur l’utilisation rationnelle des antimicrobiens soit une réalité pour l’ensemble des parties prenantes du secteur de l’élevage Burkinabè.

« Le problème de la résistance aux antimicrobiens est une préoccupation mondiale. […] L’USAID, en permettant aux vétérinaires de pouvoir assister à cette formation, a joué un rôle important et on ne peut que le féliciter et demander qu’il continue dans ces efforts de soutien financier […] pour que toute la chaîne des acteurs puisse bénéficier de ces connaissances-là. » -Dr. Charles Mandé, Président de l’Ordre National des Vétérinaires du Burkina Faso