Renforcer le Programme de Contrôle des Infections dans les Hôpitaux au Sénégal

March 29, 2021

Au Sénégal, la première enquête nationale sur les infections associées aux soins, conduite en 2007 par la Direction Générale de la Santé du Ministère de la Santé a montré que le volume d’ordonnances d’antimicrobiens, combiné avec le faible niveau d’hygiène observé lors des soins dans les formations est la première cause de l’émergence de la résistance aux antimicrobiens (RAM).

Les comités de lutte contre les infections nosocomiales (CLIN) jouent un rôle important dans l’encadrement et la mise en place d’activités liées à la prévention et au contrôle des infections (PCI), une étape critique dans le contrôle de la RAM. Le Ministère de la Santé a mis en place des CLIN dans toutes les formations sanitaires du Sénégal en 2004 sous la direction de son Programme National pour la Lutte contre les Infections Nosocomiales (PRONALIN). Cependant, en avril 2017, PRONALIN constata lors de visites de supervision que près de 90% des CLIN ne fonctionnaient pas efficacement.

Afin d’inverser cette tendance, la Direction de la Qualité, de la Sécurité et de l’Hygiène Hospitalières (DQSHH) donna pour mission au Programme des Médicaments, Technologies et Services Pharmaceutiques (MTaPS) de l’USAID de revitaliser les CLIN des hôpitaux pilotes en les aidant à mettre en œuvre des plans d’action efficaces. Au Sénégal, MTaPS répond au défi de la RAM en renforçant les systèmes de santé et les pratiques pour la PCI et l’usage optimal des médicaments antimicrobiens.

The director of the DQSHH of the MOH visiting the Tiavouane hospital. Photo credit Mame Mbaye

La directrice de la DQSHH du Ministère de la Santé en visite à l’hôpital de Tivaouane et parlant aux membres du CLIN. Crédit photo : Mame Mbaye, MTaPS

Revitaliser le CLIN de Tivaouane

MTaPS commença par travailler avec la DQSHH en août 2019 afin de mener une analyse situationnelle de base de l’hôpital de Tivaouane, une ville située à 100 km de Dakar. L’évaluation, effectuée en utilisant le Modèle d’évaluation de la PCI (MEPCI) au niveau des établissements de soins, démontra les faibles capacités pour la PCI dans les formations sanitaires avec un score de 13% (100 sur 800). Plusieurs défis ont été observés comme le manque d’équipements pour collecter et conditionner les déchets biomédicaux, les capacités limitées en PCI des relais communautaires et l’absence de capacités pour la surveillance et la détection des infections associées aux soins.

À la suite de cet exercice, le CLIN de l’hôpital de Tivaouane a développé un plan d’amélioration et s’est engagé à le mettre en œuvre grâce au soutien de la DQSHH et de MTaPS.

Le CLIN a commencé par réformer son fonctionnement en mettant en place des réunions régulières entre le comité et l’équipe de direction de l’hôpital et en envoyant régulièrement des rapports trimestriels au Ministère de la Santé. MTaPS a mené des formations adaptées en PCI, comprenant des formations pour les formateurs, une formation pour les docteurs, les infirmières et les sages-femmes ainsi qu’une formation pour les membres du personnel de soutien de l’hôpital. Les formations se sont concentrées sur les composantes de la PCI comme le lavage des mains, la gestion des déchets et utilisèrent une approche d’amélioration continue pour mieux surveiller les activités mises en œuvre. MTaPS a également fait un suivi à distance et grâce à des visites de terrain afin de voir les résultats obtenus et les défis.

Après six mois, le CLIN de l’hôpital a effectué une auto-évaluation en utilisant le MEPCI et a obtenu le score de 38% (300 sur 800), permettant de passer d’un niveau insuffisant à basique. Après une année, le CLIN a surmonté d’autres défis, comme la mise en place d’une gestion efficace des déchets biomédicaux. Ces efforts ont permis à l’hôpital d’améliorer une nouvelle fois les capacités en PCI en les faisant passer à un niveau intermédiaire avec un score de 68% (500 sur 800).

« Après un an de mise en œuvre du plan d’action PCI […] à Tivaouane, nous avons vu une amélioration notable dans la gestion des déchets biomédicaux, grâce au soutien de MTaPS et de la DQSHH pour la formation du personnel hospitalier, en particulier grâce aux formations dans la langue locale afin que les agents en première ligne puissent maîtriser la gestion des déchets biomédicaux. »
— Dr. Ablaye Sakho, Président de la commission médicale de l’hôpital de Tivaouane

Vers des soins de santé sûrs et une réduction de la propagation de la RAM dans les hôpitaux

Avec le soutien de la DQSHH et de MTaPS, le CLIN de l’hôpital de Tivaouane a montré une amélioration constante de ses capacités en PCI, avec une augmentation de 55 points de pourcentage par rapport à son score de départ. Ces interventions permettront aux hôpitaux de contenir efficacement la propagation de la RAM et d’offrir des soins de santé de qualité aux patients dans un environnement sûr. Suite à ces premiers succès, MTaPS continue de travailler avec la DQSHH afin de consigner les leçons apprises et faciliter l’échange de connaissances afin que ces résultats et expériences puissent permettent une revitalisation complète des CLIN.

Dr Sakho during one of the supervision visits. photo credit Mame Mbaye

Dr. Sakho lors d’une visite de supervision. Crédit photo: Mame Mbaye

Countries: Senegal
Type: Stories